vendredi 23 mars 2012

Petit traité de savoir vivre à l'usage des voyageurs


Petit traité de savoir vivre à l'usage des voyageurs
Évidemment il n'est pas question ici de passer en revue tous les aspects du savoir vivre
marocain. Je n'ai d'ailleurs pas la prétention d'être un expert en ce domaine. Ce ne sont que
quelques réflexions notées au fil de plusieurs séjours. Certaines remarques ne relèvent même
pas vraiment de la sphère étroite de la politesse. Quoique la vrai politesse, à mon sens, lorsque
l'on voyage, soit de se rappeler que l'on doit le respect à ceux qui nous accueillent et que notre
mode de vie, n'est pas a priori meilleur que celui de nos hôtes. J'ai assisté trop souvent à des
scènes où l'insupportable suffisance de certains touristes, le mépris condescendant et
l'ignorance dont ils faisaient preuve me faisaient bouillir de rage devant tant d'imbécillité
satisfaite. Heureusement ce ne sont pas, je crois, la majorité. Pour les autres de l'humilité, de
l'ouverture d'esprit, le sens de l'observation permettront de s'en tirer de façon honorable. Et
toutes les erreurs sont pardonnées lorsqu'elles sont le fait d'un coeur pur agissant de bonne foi.
Les mosquées : l'accès aux mosquées est interdit aux non musulmans au Maroc. Cette
interdiction dont l'origine n'est pas le fait de quelques obscurantistes a été instaurée par Liautey
et persiste encore de nos jours à l'inverse d'autres pays musulmans. Vous remarquerez donc
au fronton de certain lieux de culte des panneaux " Interdit aux non musulmans ", parfois ce
sont des quartiers entiers qui sont condamnés par une barrière de bois en travers de la rue
comme à Moulay Idriss, ville sainte longtemps interdite aux occidentaux. Ne vous en offusquez
pas et n'essayez pas à toute force de vous glisser dans ces édifices religieux ou d'en
photographier l'intérieur depuis la rue. Si vous voulez connaître un aspect de l'architecture de
ces constructions, visitez les medersas qui les jouxtent souvent dans les villes anciennes
comme Fes ou Marrakech.
Le temps : le temps pour les marocains a une autre réalité que pour nous occidentaux. Vous
serez sûrement étonné les premières fois lorsque vous donnerez rendez-vous à un marocain,
ou que vous organiserez une activité avec des marocains. Mais je connais de jeunes
instituteurs qui exercent dans un petit douar du Haut Atlas. Parfois lors de leur jour de repos, ils
partent à pied à travers la montagne vers Tinerhir à 32 kilomètres pour voir la civilisation : des
cafés, la télévision, l'électricité. Lorsque l'on est capable de faire plus de 60 kilomètres à pied
pour se rendre en ville, il est vrai que notre échelle du temps réglée à la seconde n'a plus trop
signification. Le temps au Maroc est souvent le temps de l'attente : on attend le bus, on attend
que le taxi collectif soit plein, on attend le passage du camion. Lâchez prise sur le temps et ne
vous laissez pas tyranniser par votre montre. Sinon vous serez très malheureux.
L'aumône : partout au Maroc vous serez sollicités par des mendiants. Il faut savoir en effet qu'il
n'existe pas de protection sociale pour des pans entiers de la population et que, souvent, ce
moyen est le seul qui leur permette de subsister. En observant les marocains eux-mêmes vous
vous rendrez compte que toutes les couches de la société donnent à ceux qui font l'aumône.
Ayez toujours quelques dirhams dans votre poche et vous aussi donnez à ceux qui vous le
demandent. Bien sur vous ne pourrez pas donner à tout le monde mais essayer de donner aux
plus nécessiteux : les infirmes, les vieillards, les femmes avec leur bébé. Pour ma part, j'évite
presque toujours de donner de l'argent aux enfants. Si vous le faites vous serez
immanquablement entouré d'un groupe compact dont vous aurez toutes les peines du monde à
Ó Carnets du maroc – 15/01/2012 6 version internet : http://www.maroctourist.blogspot.com
vous débarraser. Et puis surtout c'est une attitude qui les pousse vers la mendicité, à considérer
les voyageurs comme des pourvoyeurs et à vicier le mode de relation entre eux et vous.s En
revanche, je porte toujours sur moi un carnet ou nous pouvons échanger des dessins, nos
noms ou des mots en français et en arabe. Cela vous demande d'apprendre la calligraphie
arabe, mais c'est très utile pour nouer le contact et vous aurez souvent autour de vous un
cercle amusé de curieux appréciant votre graphie malhabile et prêts à corriger gentiment vos
erreurs.
Dans la maison : quand vous êtes invité dans une maison, on vous retiendra toujours pour
boire un thé ou même pour un vrai repas. Le salon traditionnel marocain est une pièces
rectangulaire beaucoup plus longue que profonde. La porte se trouve toujours dans l'un des
grands côtés. Des banquettes sont alignées le long des murs, le sol est recouvert de tapis.
Dans les maisons les moins luxueuses les banquettes sont remplacées par des tapis ou des
nattes. Lorsqu'il y a un tapis au sol vous devez toujours vous déchausser et laisser vos
chaussures à l'entrée de la pièce. Souvent, que vous soyez assis par terre ou sur une
banquette on vous proposera des coussins.
Vous ne pourrez jamais passer chez quelqu'un pour quelques minutes : vous devrez toujours
vous asseoir, boire le thé, manger des friandises ou même un vrai repas et vous serez souvent
invité à dormir : tout refuser serait extrêmement impoli. Pensez y en organisant le planning de
vos journées.
Le repas : Dans toutes les cultures, le repas est l'un des moments les plus codifiés de la vie
sociale et l'un des plus embarrassants pour qui n'en maîtrise pas les subtilités. Même chez
nous, qui ne s'est pas senti mal à l'aise en dînant dans un autre milieu que le sien. Comment
user des accessoires, dans quel verre mettre l'eau, quelle fourchette utiliser pour le poisson ?
Le repas est un moment de partage et de convivialité mais c'est aussi celui où l'on fait passer
les aliments de l'extérieur à l'intérieur du corps, l'un de ceux, assez rares en fait, au cours
duquel on se livre à une fonction corporelle en public. C'est ce qui explique que l'on peut
parfaitement commettre de bonne foi des impairs et violer sans le savoir des usages ou des
interdits.
Le repas commence toujours par l'arrivée de la table au milieu des convives. A l'inverse de chez
nous ce ne sont pas eux qui se dirige vers elle, mais elle qui vient les rejoindre, basse sur
pieds, amenée de la cuisine. On s'installe en général assis par terre. On fait ensuite passer le
nécessaire pour se laver les mains et la bouche avant le repas. La cuvette, la cruche d'eau
chaude, le savon et la serviette circulent de mains en mains présentés par le fils ou la fille de la
maison. Le repas traditionnel se prend avec la main pour seul ustensile dans le plat commun
posée au centre de la table. Le tagine se déguste avec le pain trempé dans la sauce. Depuis
quelques années, le couscous est servi avec une fourchette même dans les familles. Lors de
nos premiers voyages, il nous est arrivé de devoir le manger avec nos doigts. Toute la
technique consiste à faire des boules de semoule régulières en évitant de se brûler. Vous
devez toujours utiliser la main droite pour manger même si vous êtes gaucher. Utiliser la main
gauche, la main réservée à la toilette est considéré comme très mal poli et les nécessités de
l'hygiène lorsque tout le monde se sert dans le même plat permettent d'en comprendre la
raison.
En général les plats marocains sont à base de légumes et réalisés avec très peu de viande. Il
serait très inconvenant que vous précipitiez dessus. D'autant qu'on vous la proposera
immanquablement. Souvent le maître ou la maîtresse de maison déposera devant vous les
meilleurs morceaux en vous enjoignant de manger (koul en arabe, tisch en berbère). Vous
n'aurez déjà plus faim que l'on vous encouragera encore à vous remplir le ventre et vous serez
souvent obligé de vous exécuter jusqu'à ce que vous n'en puissiez vraiment plus.
Vous pouvez tout à fait déposer les reliefs directement sur la table qui est emportée à la cuisine
dès la fin du repas. En cas de doute, observez vos hôtes et calquez votre attitude sur la leur
Ó Carnets du maroc – 15/01/2012 7 version internet : http://www.maroctourist.blogspot.com

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